À VOS CANINS, PRÊT, PÊCHEZ !

Depuis plusieurs années, la pêche du lavaret sur le lac du Bourget suscite un réel engouement, une passion, voir même une addiction pour certains d’entre nous. Donc, commençons par le commencement. D’abord, par une présentation de ce merveilleux poisson, du matériel utilisé et de la technique d’animation.

• PRÉSENTATION

Ce poisson appartient à la famille des corégonidés (corégones), proche de celle des salmonidés du fait de sa nageoire adipeuse. Son corps est allongé, aplati, recouvert de grandes écailles argentées et son dos est gris bleuté tirant vers le vert. Il est souvent appelé « Féra », « Palé » ou « lavaret » en fonction des régions ou espèces. De nature grégaire, il vit en bancs pélagiques souvent compacts, leurs distribution dans les couches d’eau suit la répartition verticale du zooplancton. On le trouvera très près du fond en début de saison puis étalé dans la colonne d’eau au fil du réchauffement des eaux et de la montée planctonique. Zooplanctophage, il consomme des crustacés planctoniques et des larves aquatiques (chironomes).

• LE MATÉRIEL DE PÊCHE

– Du fait de la profondeur de pêche qui se situe entre 5m et 40m, la pratique de la pêche au lavaret se fait principalement en bateau ou en barque, même si la pêche du bord reste possible («à la calée»), les résultats demeurent cependant très aléatoires. La pêche s’effectue le plus souvent avec une embarcation ancrée ou en dérive contrôlée à l’aide de rames, qui demande un peu d’entraînement. De nos jours la majorité des bateaux sont équipés d’échosondeurs (c’est préférable !) afin de « visualiser » la tenue des poissons et de déterminer la profondeur de pêche.
– L’élément primordial  de cette pêche est le « canin », petite canne type ultra léger d’une longueur de 80 à 180 cm, possédant plusieurs scions carbone interchangeables de puissances différentes. Ceux-ci devront  être très sensibles afin de mieux détecter les touches, souvent très discrètes. Le canin est équipé d’un moulinet léger garni d’une tresse de 8 à 10 centièmes qui a l’avantage de ne pas avoir d’élasticité et donc mieux retransmettre les touches de lavaret.
– La «gambe», «sonde» ou «plombier» est constitué d’une ligne en nylon ou fluorocarbone d’un diamètre de  12 à 18 centièmes, d’une longueur variant de 3 à 10 mètres, sur laquelle est montée une série d’hameçons (les nymphes) et d’une plombée allant de 7 à 40 grammes. Les grammages de plombée évoluent en fonction de la profondeur, du vent et des forts courants du lac du Bourget.
– Les nymphes sont des imitations artificielles des chironomes, la nourriture principale des lavarets et c’est maintenant que le casse-tête commence !
En effet, chaque pêcheur a « ses » nymphes magiques, néanmoins il y a des modèles de nymphes qui fonctionnent régulièrement toute la saison. Des imitations de chironomes noir ou rouge, montées sur des hameçons bronzés courbés n°16 ou 14 seront la base pour débuter. Pensez à varier les tailles et les couleurs d’hameçons (bronzés, dorés ou nickelés), leur forme (tiges courtes, longues, droites ou courbées) pour élargir votre choix et mettre toutes les chances de votre côté.
N’hésitez pas à utiliser différentes couleurs de soie de montage (noir, rouge, vert, marron, violet), différents matériaux de montage (lurefil, bodyglass, vinylrib…), des cerclages tinsel (argent, or, cuivré, holographique…), des corps de nymphes en vernis (noir, rouge, vert, bordeau, violet…), des dubbings, des plumes, des poils, des perles… Bref, de quoi agrémenter de nombreuses nuits blanches et une surconsommation de « Doliprane » !
– L’utilisation d’un « prolongateur » ou « écarteur » , canne à coup téléscopique de 5 mètres munie d’un anneau ouvert à son extrémité, permet d’amortir et d’accompagner le poisson jusqu’à l’épuisette, ou pas !
– Une épuisette en monofil de nylon de 4 mètres et une mesure à poissons, la maille du lavaret sur le lac étant de 50 cm… euh non pardon, de 35 cm !
– Un appareil photo numérique qui pourra éventuellement remplacer une glacière ou un sac congélation !

• TECHNIQUE D’ANIMATION
Un vaste sujet qui reste difficile à retranscrire tant l’animation est complexe et demande beaucoup de subtilité. le but de celle-ci est de simuler et de recréer la montée des nymphes vers la surface (l’éclosion). La remontée de la gambe est la «clé» pour la réussite de votre partie de pêche. Cette opération se fait progressivement sans à-coups, lente ou rapide, en essayant de se calquer sur le comportement des poissons.
La touche est souvent très discrète, la concentration et la réactivité sont donc de rigueur. Le ferrage devra s’effectuer dans le bon timing par un mouvement souple, ample, énergique (à la limite de la luxation d’épaule !). Il y a autant de manières de « gamber » qu’il y a de pêcheurs, certains vous diront « ça mon petit c’est la «maintale», le coup de patte ! » Alors voilà, à vous de jouer ! Vous avez les cannes en main ! Les mauvaises langues vous diront que la pêche du lavaret est une pêche de « papy ». Et bien détrompez-vous, car cette technique requiert de l’observation, de l’adaptation, de la réflexion et de l’abnégation. C’est une pêche ludique, passionnante, déroutante mais qui peut parfois vous mener proche de la crise de nerfs !
N’oubliez pas, profitez, partagez, pêchez intelligemment. Certains pêcheurs prétendront qu’un quota de 10 lavarets c’est bien, mais protéger et respecter notre «partenaire de jeu» en le relâchant, c’est mieux !

Bonne saison à toutes et à tous, en espérant que ce « poisson du diable » ne vous fasse pas vivre un véritable enfer !
Fabrice Thill